Récit du père Barken La nuit où le Lord apprit le goût de la défaite...

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Chapitre IV : L'expédition punitive

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Imladrair reprit ses esprits et se tenait la tête en gémissant. Ce n'est pas tous les jours qu'on se fait posséder par un seigneur des ténèbres et qu'on a vu par ses propres yeux le massacre de dizaines d'innocents...
Il fit cependant preuve d'un exceptionnel sang froid et il se mit péniblement debout, redressant la tête fièrement.
Il luttait contre les souvenirs horribles qui étaient pour toujours gravés dans sa mémoire et qui pouvait le rendre fou en quelques instants.
Seboti fut le premier à reprendre la parole.

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- Le Lord est affaibli. Il faut en profiter et aller l'abattre dans sa crypte. C'est le moment où jamais !
- C'est du suicide ! S'écria Math. Personne ne peut le tuer ! Le Lord est invincible !
- Je suis d'accord avec Math, acquiesçais-je.
Nous ne sommes pas préparés, et de puissants aventuriers qui devraient faire partie d'une telle expédition ne sont pas en ville en ce moment. Nous courrons à notre perte !

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Il s'ensuivit une foire d'empoigne durant laquelle tous les aventuriers présents donnèrent leur avis sur la question. Au bout d'un moment, Imladrair trancha en proposant à ceux qui voulaient malgré tout tenter de détruire le Lord tout de suite de se mettre à ses côtés.
Il y avait à ce moment une incroyable tension dans le groupe de personnes présentes. Car le ton était donné désormais : d'un côté les téméraires, les vaillants, ceux prêts à sacrifier leur vie pour tenter de détruire la source du Mal dans Isthar, et de l'autre les aventuriers timorés, prudents, voire peureux.

Au final, je rejoignis le camp des téméraires, et nous nous retrouvâmes 7. Sept guerriers de la Lumière, résolus à poursuivre coûte que coûte le seigneur des Ténèbres jusque dans son cercueil, quel qu'en soit le prix. Nous savions tous quels dangers nous attendaient, et que nous courions d'une manière certaine à notre mort, mais dans les regards de mes compagnons je pouvais lire non pas de la peur, mais une Foi fervente en notre étoile, notre dieu, ou pour certains, notre destin.
Semli Axecutter, Aurile Inconnue, Imladrair, Seboti, Morc la Montagne, le Père Barken Aebarak, et Muridor la Chance croisèrent leurs armes en direction du soleil naissant pour crier "Mort au Lord !".

Nous nous mîmes en marche dans la lumière de Lathandre, et si aucun d'entre nous n'osait rompre le silence, nous sentions que nous étions en train d'écrire notre propre légende. Aurile de son côté, notait fiévreusement les événements de la nuit passée sur un bout de parchemin, consciente qu'elle allait pouvoir écrire si elle sortait vivante de cette expédition, la plus prestigieuse geste qu'un barde ait jamais réalisée.

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Le rez-de-chaussée de la crypte fut vite expédié, et malgré les dizaines de seigneurs goules, de spectres et les innombrables vampires qui nous barrèrent la route, nous fûmes au téléporteur du sous-sol en quelques minutes seulement.

Le sous-sol, justement, fut plus délicat. Les morts vivants ne nous ennuyaient pas, car grâce aux coups de hache et d'épées magiques, aux flèches meurtrières, et à mon pouvoir de Vade Retro, ils étaient massacrés en quelques secondes. Aurile savait de plus nous donner une force combative accrue en augmentant notre moral par des chants bardes de guerre qui enchantaient nos oreilles et gonflaient nos coeurs.

Les élémentaires d'eau nobles furent notre vrai problème. Les aventuriers expérimentés connaissaient bien leur mortel pouvoir de noyade, qui pouvait tuer d'un coup n'importe lequel d'entre nous. Nous mîmes donc au point une tactique qui consistait à les tenir à distance, en les attirant vers l'un d'entre nous dont l'unique tâche était de courir pour ne pas se faire rattraper par l'élémentaire, mais pas trop vite cependant pour ne pas le distancer.
Pendant que l'élémentaire s'échinait à poursuivre sa cible, il subissait une pluie d'attaques à distance : flèches, projectiles magiques, lumières brûlantes le criblaient en quelques instants.
Nous réussîmes ainsi à progresser lentement, précautionneusement, en appliquant à chaque fois la même tactique. Il aurait été trop bête de subir des pertes avant de se présenter devant le Lord.
Durant notre progression, je priais Lathandre pour qu'Il nous vienne en aide et nous protège, et c'est en le priant que j'eu une vision providentielle. Je savais comment battre le Lord ! Lathandre m'avait éclairé, et pour peu que je sois assez concentré, il y avait une chance, maigre mais réelle, de détruire le Lord pour de bon.

Nous arrivâmes devant une lourde porte en pierre, derrière laquelle nous pouvions sentir la présence maléfique du Lord. Il suintait de cet endroit une telle aura de pourriture et de noirceur que chacun d'entre nous fut parcouru de frissons d'effroi.
Nous nous regardâmes chacun les yeux dans les yeux, sachant que le moment était venu. L'Histoire était en marche, et nous étions à sa tête. Nous, les 7 guerriers de la Lumière, nous croisâmes à nouveau nos armes en jurant "Mort au Lord !".

Puis, bardés de protection et de sorts de puissance, nous pénétrâmes dans la demeure du Lord. Une pièce immense et obscure, au centre de laquelle trônait un autel gigantesque couvert de sang, avec des inscriptions monstrueuses qui citaient tous les noms des démons abyssaux.

Deux femmes au teint livide, maniant des épées courtes scintillant d'une aura verte se précipitèrent vers nous. Un combat terrible s'engagea, où nous ne luttions plus que pour la gloire, engageant dans la bataille toutes nos forces avec l'énergie du désespoir. Je conservais cependant assez d'énergie pour pouvoir envoyer sur le Lord au moment opportun toute la puissance de Lathandre.

Les deux femmes vampires furent massacrées, mais elles avaient fait de vilaines entailles dans les combattants qui les avaient affrontées en première ligne. Alors que nous nous rassemblions pour mieux nous préparer au véritable assaut, Il fit son entrée.

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- MES AMOURS ! VOUS AVEZ TUE MES PETITES CHERIES ! VOUS SUBIREZ MILLE MORTS POUR AVOIR OSE TOUCHER A MES PROTEGEEES !

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Muni d'une longue épée vibrant d'une puissante aura verte et maléfique, vêtu d'une tunique noire moulante en cuir humain, le Lord nous fixa du fond de la salle avec ses yeux morts et ténébreux. Un rictus de haine déforma son visage et il se précipita vers nous en poussant un cri de rage.

Morc et Imladrair, les plus aptes à se tenir au contact d'un tel adversaire, se mirent en face du Lord et engagèrent un combat rapproché qui apparaissait clairement perdu d'avance. Tandis que le Lord passait au travers de toutes leurs parades sans forcer, en leur ouvrant de larges blessures à chaque coup, Imladrair et Morc n'arrivait qu'à lui enlever des petits bouts de chair blanchâtre, qui étaient aussitôt régénérée... Inutile de dire que les efforts désespérés des autres compagnons pour blesser le Lord se vouaient à l'échec. Les flèches ricochaient sur lui, et les sorts offensifs semblaient glisser sur son corps comme l'eau sur les plumes d'un canard.

Je joignis mes mains et pria Lathandre le Seigneur de l'Aube, en m'avançant vers le dos du Lord. Totalement concentré, je fermais les yeux et visualisait la scène. Je me fiais aux sons de la bataille et fit le vide à l'intérieur de moi, pour mieux accepter le pouvoir que Lathandre allait faire passer par mon corps.

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- HEBADI QUONLENON SACHANKA !

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Je sentis un pouvoir alors inconnu me traverser le corps et s'accumuler dans mes mains. Elles crépitaient d'énergie, et alors que le Lord esquivait une attaque frontale de Morc, j'ouvrais mes mains et les refermai sur le crâne du Lord.
Une déflagration d'une puissance divine éblouit toutes les personnes présentes, mais je vis tout de même qu'à travers cette colonne de lumière argentée qui terrassait le Lord, un visage magnifique me souriait.
Le Seigneur des Ténèbres se mit à vaciller, encore sous le choc de l'attaque, incapable de réagir, et l'un de nous (je ne me souviens plus qui exactement), en profita pour lui donner le coup de grâce.

Le Lord était vaincu, mais l'histoire ne s'arrête pas là. Alors que nous laissions exploser notre joie, un cercle d'ombre et de flammes apparut au fond de la salle, tandis qu'un puissant démon semblable à celui que nous avions affronté dans la ville apparaissait en rugissant. Complètement galvanisés par notre victoire, nous nous précipitâmes sur le monstre et engageâmes à nouveau le combat. Mieux préparés, nous pûmes cette fois livrer une véritable bataille, dans laquelle les forces étaient un peu mieux équilibrées. Tandis que nous affrontions ce démon, je vis apparaître du coin de l'oeil un autre monstre quasiment invisible, semblable à un énorme vautour, mais qui dégageait lui aussi une aura démoniaque. J'appris plus tard qu'il s'agissait d'un Diantrefosse et d'un Vrock.
Je laissais exploser tout mon répertoire de sorts, tandis que chacun redoublait d'efforts pour venir à bout de ces deux démons surpuissants. Nous finîmes par abattre le Vrock, et le Diantrefosse.

Nous n'eûmes pas le temps de nous réjouir cette fois ci, car apparut ensuite, un squelette revêtu d'une robe de mage, le plus puissant des morts-vivants : la liche.
Il s'agissait en plus de la liche du Lord, et nous nous jetâmes tous sur elle, mais cette fois ci pour sauver nos vies, car nous étions épuisés et sentions nos forces nous abandonner. A notre grand étonnement, la liche ne résista pas très longtemps, et nous nous précipitâmes dans le fond de la salle, où un couloir menait à une pièce protégée par de nombreux pièges.

Le Lord nous attendait. Toujours aussi sûr de lui, il semblait qu'il avait régénéré de ses blessures et engagea un nouveau combat contre nous. Mais cette fois ci, je savais parfaitement comment le battre à nouveau, et Lathandre m'accompagna une nouvelle fois quand je fis fondre sur lui la Divine Lumière du Seigneur de l'Aube. Morc se fit un plaisir de lui donner le coup de grâce.

Nous arrivâmes ensuite devant une porte close, que nous finîmes par enfoncer à coups de masse et d'épaule. Il s'agissait de la salle des trésors du Lord, et nous pûmes y passer un temps précieux à nous distribuer des richesses insoupçonnables et des objets magiques d'une grande puissance. Nous nous y reposâmes et pûmes reprendre la direction de la surface, plein d'entrain et d'énergie.

Presque sans surprise, le Lord nous attendait encore dans la salle. La Divine Lumière de Lathandre fit une nouvelle fois la preuve de la supériorité du Seigneur de l'Aube sur le Seigneur des Ténèbres, et je crois que ce fut Imladrair qui lui donna le coup de grâce.
Mais cette fois, un nouveau démon fit son apparition, un Diantrefosse d'une taille et d'une puissance sans pareille, et bien plus impressionnant que le précédent. Notre premier réflexe fut de sortir nos armes et d'engager le combat une nouvelle fois, mais nos coups ne le blessaient pas, et il se riait de nos sorts comme des flèches des archers. Même la Divine Lumière Lathandre semblait ne lui faire aucun effet !

Nous prîmes la seule décision qui s'imposait : la fuite. Nous tombâmes nez à nez avec des élémentaire d'eau nobles très en colère et belliqueux, mais avec le Diantrefosse qui nous poursuivait, il nous était difficile de pratiquer la même tactique que d'habitude !
N'ayant d'autre choix, et entendant les pas lourds du démon monstrueux qui se rapprochaient, nous engageâmes un combat au corps à corps. Ils tentèrent de nous noyer, mais nous étions galvanisés d'espoir, et les chants d'Aurile nous donnaient du courage, et les élémentaires furent vaincus avant que le Diantrefosse ne nous rejoigne. Nous arrivâmes devant le téléporteur, et après un dernier combat contre des morts vivants qui avaient décidé de nous en barrer l'accès, nous pûmes remonter au rez-de-chaussée.
Nous courrions aussi vite que nous le pouvions, conscient que le démon pouvait encore nous poursuivre, et alors que nous étions proches de la sortie, le Diantrefosse profita de ce que Muridor avait pris du retard pour le massacrer. J'entendis ses hurlements de douleur, mais nous ne pouvions plus rien pour lui.
Nous sortîmes enfin de cette crypte maudite, et tout le monde était sain et sauf, hormis Muridor. Après un repos rapide, nous décidâmes d'aller chercher son corps pour le rappeler à la vie, grâce à la puissance de Lathandre. Prenant mille précautions et nous faufilant comme des chats dans la crypte, nous réussîmes à retrouver le corps déchiqueté de Muridor qui gisait non loin de l'entrée. J'en appelai à Lathandre et priait pour l'âme de notre compagnon, et une douce lumière entoura son corps d'une série d'arceaux lumineux, tandis que se blessures se refermaient et que son âme réintégrait sa chair.

Nous sortîmes tous enfin, et après nous être assurés que le Diantrefosse ne nous avait pas suivi jusque dans le cimetière, nous pûmes enfin rejoindre Isthar, où nous nous quittâmes pour rejoindre nos lits, fourbus, conscients d'avoir écrit une page de légende dans l'Histoire d'Isthar, qui resterait dans les mémoires comme "La nuit où le Lord apprit le goût de la défaite".

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FIN

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